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Je suis l’aînée d’une famille de sept enfants. Mon père travaillait dans une usine le jour, avait un travail de soir et un travail de fin de semaine. Et ma mère a eu une garderie privée pendant une dizaine d’années. Donc, je viens d’une famille où le besoin d’argent était criant mais je n’ai jamais eu l’impression qu’on avait pas d’argent. J’ai eu une enfance heureuse sans complexe d’infériorité par rapport à notre

situation financière familiale car les gens vivant autour de nous semblaient tous être dans la même situation. Je crois que ma mère avait le tour de jongler avec l’argent.

J’ai eu ma première expérience de comptabilité à l’âge de 11-12 ans. Je mettais à jour le registre des clients de mon père à tous les ans et je roulais le « petit change » pour qu’il puisse le déposer à la Caisse.

Je suis devenue autonome financièrement à l’âge de 14 ans. J’avais mon compte de banque et j’ai fait mon premier chèque à 14 ans. J’ai eu mon premier travail à l’âge de 10 ans qui a duré 3 semaines. Et je travaille depuis que j’ai 11 ans.

Lorsque je me suis mariée, ma mère m’a donné un bon conseil qui m’a servi presque toute ma vie (je ne l’ai pas suivi à un certain moment et je l’ai regretté) c’est : « Là, Carole, tu vas te marier, il faut que tu te fasses un budget. »

Lorsque mariée, j’ai eu une carte de crédit que j’ai « remplie » à trois reprises et que j’ai payée au complet à chaque fois sur une période de plusieurs mois. J’ai fini par mettre les ciseaux dedans car je ne semblais pas vouloir devenir raisonnable avec une carte de crédit.

Mon concept : avoir deux revenus et vivre comme si on en avait seulement un. Le deuxième salaire sert à payer les vacances et l’épargne. En ayant cette ligne de pensée, après 5 ans de mariage, nous avons eu notre première fille et avons acheté notre première maison. Dès que nous avons reçu notre premier état de compte hypothécaire annuel, j’ai failli avoir une crise du coeur en voyant le peu de capital versé sur l’hypothèque versus l’intérêt payé. Nous étions en 1981. Le double versement sur le capital hypothécaire était à ses balbutiements mais la banque où nous étions offrait cette possibilité à ce moment-là.

J’ai donc fait des calculs savants et je me suis rendue compte que si je faisais des doubles versements, je paierais ma maison beaucoup plus vite. Eh bien, avec le double versement et le paiement de capital annuel, nous avons payé notre maison en 6 ans et ce, tout en dépensant pour la rénover.

Attention : les rénovations de maison font partie des raisons principales de rupture de couple. Nous en avions ras-le-bol de rénover; donc, nous avons vendu la maison et nous avons déménagé dans du « neuf ». Nous nous retrouvons donc en 1987 avec une nouvelle hypothèque mais nous n’avons toujours pas d’autres dettes. Avec deux revenus sans dette (sauf l’hypothèque), nous étions « riches ».

Comme la plupart des gens, on déménage dans du neuf : cela prend des meubles neufs, une voiture neuve, etc. Un train de vie différent s’est donc installé sans qu’on s’en rende compte.   Nous avons décidé de changer de voiture et nous avons donc emprunté pour cet achat et pour des investissements (effet de levier). Par malheur, nous avons acheté nos investissements juste avant le krach d’octobre 1987.  Nos investissements ont tellement fondu à ce moment que nous avons dû combler le manque à gagner en capital (effet de levier). Nous avons donc décidé de vendre les investissements qui restaient et nous nous sommes retrouvés avec une dette à payer.

En 1989, notre deuxième fille est arrivée. C’est à ce moment, que j’ai commencé à laisser aller la gestion de notre budget et que nous avons commencé à utiliser une carte de crédit au nom de mon conjoint (en théorie, ce n’était pas la mienne mais en réalité, je l’utilisais). Et est arrivée une période de surendettement. En réalisant l’état de notre situation financière, le budget est revenu sur la table et mon mari et moi avons mis tout en place afin de redresser la situation. Nous avons décidé de vendre la voiture. Avec un budget très serré, sans voiture pendant 1 an et demi, nous nous en sommes sortis en 2 ans. Et nous avons pu recommencer à respirer. Malgré cet épisode de surendettement, nous aurions pu payer notre condo en 10 ans si nous n’avions pas déménagé une autre fois, encore dans du neuf.

En 1996, en déménageant, nous avions une petite marge de crédit hypothécaire mais il y a eu des dépenses normales de terrassement et d’asphaltage, ce qui a augmenté notre dette hypothécaire. Nous avions une bonne équité sur la maison. Une séparation est alors survenue. Avec notre budget, cela m’a permis de réaliser qu’il était impensable que je garde la maison « pour les enfants ». La maison a été mise en vente et avec l’équité que nous avons récupérée,  nous nous sommes bien débrouillés et nous ne sommes pas retrouvés à la rue, ni l’un ni l’autre. Si nous n’avions pas eu de budget à ce moment-là, je n’aurais probablement pas réalisé que de garder la maison était au-dessus de mes moyens de mère divorcée. Donc, je crois que j’aurais vécu cette période post-séparation beaucoup plus difficilement.

L’indépendance financière est importante lorsqu’on vit un moment comme celui-ci. C’est un conseil à donner à nos jeunes pour les inciter à épargner tôt. Avec l’équité partagée, après la séparation, j’ai pu m’acheter un petit condo pour moi et mes deux filles. Je me sentais privilégiée de pouvoir m’installer ainsi après une séparation, ce qui n’est pas le cas de plusieurs couples que je connais qui se sont séparés et qui se sont retrouvés chacun de leur côté, souvent dans un sous-sol ou un petit appartement et qui ont dû jongler quelques années avec les dettes à payer et la pension alimentaire à payer ou à recevoir. Mon travail de bureau me permettait de bien vivre avec mes filles en tenant mon budget bien en main sans dette (sauf la dette hypothécaire). Je n’avais pas de carte de crédit ni de voiture.

Lorsqu’on a un budget équilibré, il est important de le faire comprendre aussi aux enfants. Leurs demandes sont constantes et ils sont très sollicités. Avec un budget, il est plus facile pour un parent de répondre aux demandes des enfants. Lorsqu’une dépense importante doit être faite, elle peut être planifiée et l’enfant réalise que l’argent doit être accumulé avant d’être dépensé. Il peut également faire sa part dans cette démarche en participant avec son argent de poche ou l’argent qu’il peut recevoir en cadeaux. Il faut développer la fierté chez l’enfant d’avoir participé et réussi dans l’acquisition d’un bien qu’il désirait tout en ne valorisant pas la surconsommation. L’autonomie financière commence tôt et cela leur donne de la confiance en soi.

En 1998, la vie m’a fait connaître un nouveau conjoint mais ma ligne de pensée n’a toujours pas changé.

Un budget équilibré sans dette (sauf la dette hypothécaire) est toujours PRIMORDIAL.

Cela n’est pas toujours facile à gérer mais établir et respecter un budget nous aide à rester sur la bonne route. Celle qu’on choisit.

 

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